La force vive Ababacar
Ababacar Diop détiendra certainement longtemps le record de celui qui aura répondu le pus rapidement à notre invitation. Passionné par les NTIC, il passe la majeure partie de son temps les yeux rivés sur son écran et sa boîte e-mail. C’est dans un bar normando-breton que nous le rencontrons. Comme dans toutes les grandes villes, on peut manger à Dakar pratiquement tout ce qu’on veut, même des crêpes bretonnes.
On s’est croisé à l’Assemblée mondiale des citoyens organisée à Lille en 2001, qu’est ce que tu en gardes comme impressions ?
Ce que j’ai trouvé particulièrement frappant c’était l’effort qu’on faisait tous pour essayer de se comprendre. Dans l’atelier auquel je participais il y avait plusieurs chinois qui ne parlaient ni l’anglais, ni le français, ni l’espagnol, ni l’allemand. Seulement le chinois. Mais pour autant tu arrives à communiquer, à échanger sur des questions communes et à envisager l’élaboration de propositions partagées. Ca c’est déjà un grand pas vers la construction d’une alternative à l’échelle de la planète.
Et puis surtout ça nous a donné du souffle, ça nous a donné l’envie de continuer l’action, ici en Afrique. Ca donné du sens et de la légitimité à nos actions en local. C’est à partir de ce moment que nous avons commencé à réflechir à la définition de l’Alliance pour une autre Afrique et à travailler sur la Charte des responsabilités humaines. Tu m’as dit que vous aviez pris rendez-vous avec Sidiki Abdoul Daff. Lui, il a traduit la Charte en Wolof et il a enregistré une cassette audio avec un fond musical pour que ce soit ludique et que ceux qui ne savent ni lire, ni écrire puissent avoir néanmoins accès à l’essentiel des contenus de la Charte. La Charte apporte un nouveau regard sur la responsabilité et pour pouvoir la diffuser, elle nécessite un minimum d’explications. On a réussi grâce avec l’aide d’un financement FPH et on l’a édité à 1000 exemplaires. Dans les prochains mois on pense la traduire en béninois.
Tu peux nous en dire plus sur l’Alliance pour une autre Afrique ?
C’est en rentrant de Lille que nous avons commencé à travailler sur la mise en place d’une Alliance. En fait, on essaie de réfléchir, en Afrique de l’Ouest pour l’instant, à la définition d’un modèle de développement plus approprié à l’Afrique, à sa culture, son histoire, les modes et les réflexes de vie des individus qui la composent. Il nous faut un modèle de développement à l’africaine, et pas recopier ce qui a été fait en occident, et qui a généré on l’a constaté des problèmes aussi bien structurels, comme la remise en cause du fonctionnement des institutions, que sociaux avec parfois un accroissement de l’écart entre le haut et le bas de l’échelle et une accumulation des richesses dans les mains de quelques uns. Pratiquement tous les projets de développement sont basés sur des modèles importés directement d’Occident et particulièrement de l’Europe. C’est ca qui pose problème. Nous ne sommes pas du tout dans le même contexte. Ici il n’y a pas de production. Donc il ne peut y avoir de capitalisme. Et puis il n’existe pas d’Etat politique au sens noble ! Il nous faut d’abord construire des Etats dignes de ce nom : instaurer l’Etat de droit, la démocratie, privilégier la démocratie participative pour tous, définir une vraie gouvernance locale.
L’idée de l’Alliance pour une autre Afrique, c’est de relier les personnes et les initiatives qui font un pas positif pour le développement de l’Afrique vis-à-vis de la mondialisation. Nous produisons des réflexions à partir de l’animation de quatre réseaux thématiques, de la mise en débat de premières propositions à partir d’un forum éléctronique, de rencontres et d’échange d’expériences. Pour l’instant, les quatre thèmes de travail sont économie sociale et solidaire, société civile et nouvelles technologies de l’information et de la communication, espaces publics de dialogue et de participation. Je suis l’animateur du réseau sur le NTIC. C’est dans ce cadre que nous avons bénéficié de l’appui de l’appel à initiative lancé par l’Alliance.
En dehors de l’Alliance pour une autre Afrique, quelles sont tes activités aujourd’hui ?
Ce qui m’intéresse, ce sont les projets de développement entre Nord et Sud. Je m’investis dans deux associations qui oeuvrent pour une amélioration des relations Nord-Sud : l’ARPA et Terre de joie. Je prends part aussi au réseau élécrtonique Unitar « Droit et toile ». Et puis, je suis aussi préoccupé par l’avenir de la jeunesse. Depuis quelques temps, je participe à un programme intitulé « Jeunesse et développement » qui vise à mettre en synergie les dynamiques de jeunes nombreuses dans notre pays en travaillant sur les questions de l’implication de la jeunesse dans le développement de l’Afrique, les difficultés liés à l’accès à l’emploi, le problème du sida...
Par ailleurs, je travaille aujourd’hui pour un gros cabinet qui essaie entre autre de promouvoir le développement des NTIC. Ca s’inscrit aussi dans cette dynamique de changement car je suis convaincu que le développement des NTIC contribuera aussi à ouvrir l’Afrique.
Et à ton avis, aujourd’hui, quels sont les plus grands maux de l’Afrique ?
L’anaphabétisme et l’ignorance sont nos plus grands maux. Soixante dix pour cent de la population sénégalaise est analphabète. On parle en Afrique de civilisation de l’oralité comme d’un bien. Je dis oui et non. On parle une multitude de langues dans notre pays et l’analphabétisme est aussi dans nos langues. Si tu veux alphabétiser la population pour qu’elle accède au savoir, tu es obligé de t’appuyer sur les supports qui existent. Il faut apprendre à lire et à écrire. C’est la base. Le Président parlait de « la case des tout petit » et la mise en place dans chaque village d’une classe de maternelle préparatoire à l’école primaire. Si on arrivait à créer ce projet dans tous les villages, ce serait une initiative qui pourrait changer les choses. Il faut prendre en charge le volet de l’éducation des enfants sérieusement. Tu as des villages où tu ne trouves qu’un seul instituteur pour 150 élèves. Il ne peut éduquer tout le monde sérieusement, sur la durée. En général, il ne reçoit que 30 ou 40 élèves en même temps. Ce sont les premiers inscrits qui accèdent à l’enseignement, les autres restent sur la touche et ne peuvent accèder au minimum éducatif de base. Je suis convaincu que la pauvreté que l’Afrique a à subir aujourd’hui découle de l’ignorance des populations.
L’Afrique est en phase de mutation, de gestation. Toute naissance est douloureuse. Tous les autres peuples ont eu à traverser ces phases délicates où on se cherche. Il n’y a pas de raison que l’Afrique ne trouve pas sa voie. Ce sera la société civile, le pouvoir, les populations qui ensemble pourront changer les choses. On doit croire à la culture africaine, à ses spécificités et mettre tout ça en valeur.
Ca remonte à quand cette volonté de participer au changement ?
Très tôt, à la faculté et au lycée déjà, j’appartenais à un mouvement socialiste à consonnance maoïste. A cette époque, tout ça été illégal et on travaillait dans la clandestinité. J’ai passé toute ma jeunesse à débattre, distribuer des tracts dans les usines, aller dans les écoles, démarcher dans la rue, diffuser la pensée de Mao Tsé Tung. On écrivait et on rédigeait des journaux. Les ouvriers, les gens de la rue adhéraient à nos discours, ce n’était pas seulement des beaux discours, c’était une vraie sensibilisation à une autre forme d’organisation de la société et les gens se reconnaissaient dans ces paroles, c’est ce qui m’a encouragé à continuer je pense.
En 1989, j’ai bien senti le souffle apporté par la chutte du mur de Berlin. Symboliquement pour moi, c’était fort, une nouvelle ère pouvait s’enclencher. En 1995, internet est arrivé au Sénégal nous ouvrant les portes sur le monde. C’est là que j’ai rencontré l’Alliance pour un monde responsable, pluriel et solidaire. Leur travaux m’ont intéressé et je me suis inscrit aux forums éléctroniques, je me suis impliqué en local et ensuite j’ai participé à Lille.
Et comment tu fonctionnes ?
Je me laisse guider par mes passions, mes rêves... j’avance. Ce qui me prend le coeur, c’est la réalisation de mes rêves, de venir en aide aux plus démunis, aux femmes, aux enfants des rues. Personnellement, je n’ai pas connu de situations aussi dures que celles-là. J’ai cotoyé la misère de près, de la famille ou des amis qui vivaient dans des conditions trés dures. Quand tu as un minimum de conscience humaine, ça t’incite aussi à te bouger pour essayer de changer les choses et ne plus à avoir à cotoyer à côté de toi ce genre de situations.
Tes problèmes actuels pour aller plus loin ?
Des moyens. On manque cruellement d’argent pour aller plus vite. Un exemple très concret. Ces derniers temps j’ai participé avec une coopérative de femmes au développement d’une caisse de micro-crédit pour qu’elles puissent imaginer ouvrir de petits commerces, acheter du matériel pour des échoppes, monter des projets individuels. Seulement, les femmes de la coopérative ne pouvaient pas cotiser beaucoup plus que ce qu’elles cotisaient déjà. Et aucune banque n’a voulu nous prêter seulement 300 000 FCFA (450 euros) pour enclencher la dynamique et générer à notre tour de l’argent qui servirait à monter d’autres micro-projets.
Parfois, j’espère que je ne vous choquerais pas, je mets ça, cette incapacité à disposer de moyens pour avancer, en relation avec l’organisation de rencontres internationales qui coûtent énormément d’argent. C’est bien beau de théoriser sur le développement solidaire, sur toutes ces questions mais après il faut agir sur le terrain. Les gens avec qui tu travailles ne comprennent pas toujours, et c’est normal, ils ont des priorités qui sont toutes autres. C’est le premier niveau de la fameuse pyramide de Masselot. Les gens sont d’abord préoccupés par les besoins primaires de subsistance : manger, nourrir sa famille, la préserver des maladies, en prendre soin.
Quels sont tes envies pour demain ?
D’abord de réussir dans les projets que j’essaie de gérer et surtout de répondre à la confiance que l’on m’a accordée. Ensuite, ce serait voir enfin l’Afrique sortir de la pauvreté, de la misère et de l’ignorance, voir les africains accèder au bonheur. Et puis, j’aimerais bien connaître et vivre la consécration du Parlement mondial en 2010 dont la FPH parle dans son projet 2003-2010, voir la continuité de ce qui a été engagé à Lille. Pour cette grande fête, je pense qu’il faut imaginer une rencontre originale, lier musique et réflexions et bien révèler le brassage des cultures, la diversité du monde dans lequel nous vivons, mettre en avant la société mondiale, la recréer en miniature.
Ce que tu attends du passage de Traversées ?
Ce qui me semble pertinent c’est de mettre en ligne sur votre site les contacts des gens que vous avez rencontrés et leurs principales thématiques de travail. Ca peut aider à créer de la reliance entre les individus. Ca me paraît essentiel.
En savoir plus :
le forum électronique de l’Alliance pour une autre Afrique
le site web de Terre de joie
le site web de l’Assemblée mondiale de Citoyens
Ce que j’ai trouvé particulièrement frappant c’était l’effort qu’on faisait tous pour essayer de se comprendre. Dans l’atelier auquel je participais il y avait plusieurs chinois qui ne parlaient ni l’anglais, ni le français, ni l’espagnol, ni l’allemand. Seulement le chinois. Mais pour autant tu arrives à communiquer, à échanger sur des questions communes et à envisager l’élaboration de propositions partagées. Ca c’est déjà un grand pas vers la construction d’une alternative à l’échelle de la planète.
Et puis surtout ça nous a donné du souffle, ça nous a donné l’envie de continuer l’action, ici en Afrique. Ca donné du sens et de la légitimité à nos actions en local. C’est à partir de ce moment que nous avons commencé à réflechir à la définition de l’Alliance pour une autre Afrique et à travailler sur la Charte des responsabilités humaines. Tu m’as dit que vous aviez pris rendez-vous avec Sidiki Abdoul Daff. Lui, il a traduit la Charte en Wolof et il a enregistré une cassette audio avec un fond musical pour que ce soit ludique et que ceux qui ne savent ni lire, ni écrire puissent avoir néanmoins accès à l’essentiel des contenus de la Charte. La Charte apporte un nouveau regard sur la responsabilité et pour pouvoir la diffuser, elle nécessite un minimum d’explications. On a réussi grâce avec l’aide d’un financement FPH et on l’a édité à 1000 exemplaires. Dans les prochains mois on pense la traduire en béninois.
Tu peux nous en dire plus sur l’Alliance pour une autre Afrique ?
C’est en rentrant de Lille que nous avons commencé à travailler sur la mise en place d’une Alliance. En fait, on essaie de réfléchir, en Afrique de l’Ouest pour l’instant, à la définition d’un modèle de développement plus approprié à l’Afrique, à sa culture, son histoire, les modes et les réflexes de vie des individus qui la composent. Il nous faut un modèle de développement à l’africaine, et pas recopier ce qui a été fait en occident, et qui a généré on l’a constaté des problèmes aussi bien structurels, comme la remise en cause du fonctionnement des institutions, que sociaux avec parfois un accroissement de l’écart entre le haut et le bas de l’échelle et une accumulation des richesses dans les mains de quelques uns. Pratiquement tous les projets de développement sont basés sur des modèles importés directement d’Occident et particulièrement de l’Europe. C’est ca qui pose problème. Nous ne sommes pas du tout dans le même contexte. Ici il n’y a pas de production. Donc il ne peut y avoir de capitalisme. Et puis il n’existe pas d’Etat politique au sens noble ! Il nous faut d’abord construire des Etats dignes de ce nom : instaurer l’Etat de droit, la démocratie, privilégier la démocratie participative pour tous, définir une vraie gouvernance locale.
L’idée de l’Alliance pour une autre Afrique, c’est de relier les personnes et les initiatives qui font un pas positif pour le développement de l’Afrique vis-à-vis de la mondialisation. Nous produisons des réflexions à partir de l’animation de quatre réseaux thématiques, de la mise en débat de premières propositions à partir d’un forum éléctronique, de rencontres et d’échange d’expériences. Pour l’instant, les quatre thèmes de travail sont économie sociale et solidaire, société civile et nouvelles technologies de l’information et de la communication, espaces publics de dialogue et de participation. Je suis l’animateur du réseau sur le NTIC. C’est dans ce cadre que nous avons bénéficié de l’appui de l’appel à initiative lancé par l’Alliance.
En dehors de l’Alliance pour une autre Afrique, quelles sont tes activités aujourd’hui ?
Ce qui m’intéresse, ce sont les projets de développement entre Nord et Sud. Je m’investis dans deux associations qui oeuvrent pour une amélioration des relations Nord-Sud : l’ARPA et Terre de joie. Je prends part aussi au réseau élécrtonique Unitar « Droit et toile ». Et puis, je suis aussi préoccupé par l’avenir de la jeunesse. Depuis quelques temps, je participe à un programme intitulé « Jeunesse et développement » qui vise à mettre en synergie les dynamiques de jeunes nombreuses dans notre pays en travaillant sur les questions de l’implication de la jeunesse dans le développement de l’Afrique, les difficultés liés à l’accès à l’emploi, le problème du sida...
Par ailleurs, je travaille aujourd’hui pour un gros cabinet qui essaie entre autre de promouvoir le développement des NTIC. Ca s’inscrit aussi dans cette dynamique de changement car je suis convaincu que le développement des NTIC contribuera aussi à ouvrir l’Afrique.
Et à ton avis, aujourd’hui, quels sont les plus grands maux de l’Afrique ?
L’anaphabétisme et l’ignorance sont nos plus grands maux. Soixante dix pour cent de la population sénégalaise est analphabète. On parle en Afrique de civilisation de l’oralité comme d’un bien. Je dis oui et non. On parle une multitude de langues dans notre pays et l’analphabétisme est aussi dans nos langues. Si tu veux alphabétiser la population pour qu’elle accède au savoir, tu es obligé de t’appuyer sur les supports qui existent. Il faut apprendre à lire et à écrire. C’est la base. Le Président parlait de « la case des tout petit » et la mise en place dans chaque village d’une classe de maternelle préparatoire à l’école primaire. Si on arrivait à créer ce projet dans tous les villages, ce serait une initiative qui pourrait changer les choses. Il faut prendre en charge le volet de l’éducation des enfants sérieusement. Tu as des villages où tu ne trouves qu’un seul instituteur pour 150 élèves. Il ne peut éduquer tout le monde sérieusement, sur la durée. En général, il ne reçoit que 30 ou 40 élèves en même temps. Ce sont les premiers inscrits qui accèdent à l’enseignement, les autres restent sur la touche et ne peuvent accèder au minimum éducatif de base. Je suis convaincu que la pauvreté que l’Afrique a à subir aujourd’hui découle de l’ignorance des populations.
L’Afrique est en phase de mutation, de gestation. Toute naissance est douloureuse. Tous les autres peuples ont eu à traverser ces phases délicates où on se cherche. Il n’y a pas de raison que l’Afrique ne trouve pas sa voie. Ce sera la société civile, le pouvoir, les populations qui ensemble pourront changer les choses. On doit croire à la culture africaine, à ses spécificités et mettre tout ça en valeur.
Ca remonte à quand cette volonté de participer au changement ?
Très tôt, à la faculté et au lycée déjà, j’appartenais à un mouvement socialiste à consonnance maoïste. A cette époque, tout ça été illégal et on travaillait dans la clandestinité. J’ai passé toute ma jeunesse à débattre, distribuer des tracts dans les usines, aller dans les écoles, démarcher dans la rue, diffuser la pensée de Mao Tsé Tung. On écrivait et on rédigeait des journaux. Les ouvriers, les gens de la rue adhéraient à nos discours, ce n’était pas seulement des beaux discours, c’était une vraie sensibilisation à une autre forme d’organisation de la société et les gens se reconnaissaient dans ces paroles, c’est ce qui m’a encouragé à continuer je pense.
En 1989, j’ai bien senti le souffle apporté par la chutte du mur de Berlin. Symboliquement pour moi, c’était fort, une nouvelle ère pouvait s’enclencher. En 1995, internet est arrivé au Sénégal nous ouvrant les portes sur le monde. C’est là que j’ai rencontré l’Alliance pour un monde responsable, pluriel et solidaire. Leur travaux m’ont intéressé et je me suis inscrit aux forums éléctroniques, je me suis impliqué en local et ensuite j’ai participé à Lille.
Et comment tu fonctionnes ?
Je me laisse guider par mes passions, mes rêves... j’avance. Ce qui me prend le coeur, c’est la réalisation de mes rêves, de venir en aide aux plus démunis, aux femmes, aux enfants des rues. Personnellement, je n’ai pas connu de situations aussi dures que celles-là. J’ai cotoyé la misère de près, de la famille ou des amis qui vivaient dans des conditions trés dures. Quand tu as un minimum de conscience humaine, ça t’incite aussi à te bouger pour essayer de changer les choses et ne plus à avoir à cotoyer à côté de toi ce genre de situations.
Tes problèmes actuels pour aller plus loin ?
Des moyens. On manque cruellement d’argent pour aller plus vite. Un exemple très concret. Ces derniers temps j’ai participé avec une coopérative de femmes au développement d’une caisse de micro-crédit pour qu’elles puissent imaginer ouvrir de petits commerces, acheter du matériel pour des échoppes, monter des projets individuels. Seulement, les femmes de la coopérative ne pouvaient pas cotiser beaucoup plus que ce qu’elles cotisaient déjà. Et aucune banque n’a voulu nous prêter seulement 300 000 FCFA (450 euros) pour enclencher la dynamique et générer à notre tour de l’argent qui servirait à monter d’autres micro-projets.
Parfois, j’espère que je ne vous choquerais pas, je mets ça, cette incapacité à disposer de moyens pour avancer, en relation avec l’organisation de rencontres internationales qui coûtent énormément d’argent. C’est bien beau de théoriser sur le développement solidaire, sur toutes ces questions mais après il faut agir sur le terrain. Les gens avec qui tu travailles ne comprennent pas toujours, et c’est normal, ils ont des priorités qui sont toutes autres. C’est le premier niveau de la fameuse pyramide de Masselot. Les gens sont d’abord préoccupés par les besoins primaires de subsistance : manger, nourrir sa famille, la préserver des maladies, en prendre soin.
Quels sont tes envies pour demain ?
D’abord de réussir dans les projets que j’essaie de gérer et surtout de répondre à la confiance que l’on m’a accordée. Ensuite, ce serait voir enfin l’Afrique sortir de la pauvreté, de la misère et de l’ignorance, voir les africains accèder au bonheur. Et puis, j’aimerais bien connaître et vivre la consécration du Parlement mondial en 2010 dont la FPH parle dans son projet 2003-2010, voir la continuité de ce qui a été engagé à Lille. Pour cette grande fête, je pense qu’il faut imaginer une rencontre originale, lier musique et réflexions et bien révèler le brassage des cultures, la diversité du monde dans lequel nous vivons, mettre en avant la société mondiale, la recréer en miniature.
Ce que tu attends du passage de Traversées ?
Ce qui me semble pertinent c’est de mettre en ligne sur votre site les contacts des gens que vous avez rencontrés et leurs principales thématiques de travail. Ca peut aider à créer de la reliance entre les individus. Ca me paraît essentiel.
En savoir plus :
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le site web de Terre de joie
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Aire géo-culturelle: Afrique de l’OuestCatégorie d’acteur: Alliance et réseau - Organisation de la société civile
Domaine d’action: Démocratie - citoyenneté - Gouvernance - politique - Information - informatique
Itinéraire de vie: Défi - relation à ses propres limites - Désir d’échange et de partage - Engagement et volonté - Espérance dans un avenir meilleur - Influence de l’environnement sur la construction individuelle - Participation collective - Poursuite des idéaux ou d’une éthique - Prise de conscience - Prise de responsabilité
Méthode d’action: Animation et coordination des réseaux et organisations - Capitalisation et collecte de l’expérience - Construction d’une parole - lobbying - Construction du capital social - Création d’organisations et de réseaux - Diffusion des idées et des propositions - Echange et valorisation de l’expérience - Expérimentation et innovation - Méthodes et outils d’intelligence collective - Organisation de rencontres et forums - Production collective de propositions - Structuration et échange de l’information
Mutation sociale: 1 Diffuser, partager la connaissance et transformer le système éducatif - 1 Promouvoir une éthique commune - 3 Accompagner l’émergence d’une communauté mondiale et promouvoir une gouvernance mondiale légitime, démocratique et efficace, promouvoir les principes communs de gouvernance à l’échelle mondiale - 3 Développer la citoyenneté active - 3 Rééquilibrer les mécanismes de la gouvernance pour protéger les droits et les intérêts des personnes, des groupes et des pays les plus faibles - 3 Renforcer la capacité des sociétés à se projeter dans le long terme