Assis par terre comme ça avec Habib Hsasna
Imaginez des enfants improvisant un foot devant une mosquée, imaginez des chemins poussiéreux, des cactus, des chèvres et du soleil, imaginez des murs couleur ocre mélangeant la terre et la paille, imaginez la porte d’une maison donnant sur une cour.
Entrez.... c’est ouvert...
Vous êtes chez Habib. Ici, le temps soudain se ralentit. Hospitalité et générosité sont au rendez-vous. Habib est un petit paysan et pour qu’il accepte de nous livrer ses rêves, il faut d’abord et c’est normal, se découvrir, écouter, partager le tajine, le couscous, le thé, les idées... Youssef fait la traduction et pendant toute une soirée nous parlons de nos mondes, de nos différences, de nos repères, de nos difficultés, de nos espoirs... lentement, doucement, un sourire accroché au visage, nos regards se frôlent à la mesure du respect qui s’épingle entre nous. « Assis par terre comme ça », à force d’écoute et de détours à travers les uns et les autres, voici qu’un autre monde se dessine à l’encre des confidences :
« Ici, nous dit Habib, il n’y a rien et tout est difficile. J’aimerais qu’on arrive à s’organiser ensemble au sein de notre « douar ». Il faudrait que l’on imagine des projets de développement afin d’assurer du travail pour tout le monde, que nous soyons plus instruits et cultivés et que l’on puisse vivre dans de meilleures conditions. Je voudrais qu’on ne voit plus les jeunes partir, qu’on leur offre une chance ici et qu’ils évitent de trop galoper après les « eldorados » occidentaux.
Dans mon milieu, le monde paysan, j’aurais envie que l’on parvienne à discuter avec les responsables des institutions, les experts et que l’on arrive surtout à discuter entre nous.
Il y a ma mère qui est malade et mes trois enfants... Je voudrais m’en occuper davantage avoir du travail en ayant chaque jour plus confiance dans l’avenir... Je sais que c’est possible, mais je ne sais pas trop par quel bout commencer le chantier !
J’espère qu’un jour il n’existera plus de différences entre le Canada, la France, la Belgique et le Maroc, qu’il y aura plus de solidarités et de partage entre pays et que nous aurons tous le minimum pour vivre ».
Habib et sa famille résident à une quinzaine de kilomètres de Taroudannt dans le douar de Baakila. Depuis quelques temps Habib, s’est rapproché de l’association Maghreb pluriel et de Youssef Azzam avec qui il veut collaborer pour exprimer ses désirs de changement dans le monde paysan.
Un grand merci à Youssef pour nous avoir présenté Habib et pour avoir traduit nos échanges avec tant de ferveur et d’attention.
Quelques chiffres sur le secteur d’activité agricole au Maroc :
1, 5 millions d’agriculteurs actifs
Age moyen du chef d’exploitation : 59 ans
9 millions d’hectares de SAU
80% de l’emploi est généré par l’actictité agricole en milieu rural et 40% au niveau national
L’agriculture contribue entre 12 et 15% du PIB national
La sécheresse menace en permanence les petites exploitations et l’irrigation a été développée à partir de 1960 par la construction de grands barrages.
Mots-clés
Aire géo-culturelle: Afrique du Nord - MaghrebCatégorie d’acteur: Paysan, pêcheur et leader paysan
Domaine d’action: Agriculture - développement rural
Itinéraire de vie: Désir d’échange et de partage - Espérance dans un avenir meilleur
Méthode d’action: Appui et accompagnement de l’action collective - Construction d’une parole - lobbying
Mutation sociale: 2 Promouvoir un développement territorial durable - 2 Promouvoir une société plus juste, plus démocratique et plus pacifique - 3 Rééquilibrer les mécanismes de la gouvernance pour protéger les droits et les intérêts des personnes, des groupes et des pays les plus faibles