Un rap avec Eugène du groupe Kalsandag

Eugène chante et écrit des chansons dans le groupe Kalsandag à Ouagadougou. Il interrompt sa répétition pour se présenter à nous...



Nous sommes à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Les rues sont très animées et l’on y entend très souvent de la musique africaine même la journée. Les percussions, les djembe jouent parfois sur une cadence très rapide lors des fêtes traditionnelles ou les mariages. Pourtant dans le quartier Sanyiri, nous entendons tout à coup une musique d’un style bien différent et que nous reconnaissons : c’est du rap.




« Ouais, bonjour ! L’homme ici représenté, c’est CDES ! Comparoé Danago Eugène Sawanogo quoi ! » nous dit Eugène, un des trois jeunes du groupe que nous découvrons en pleine répétition.




Bonjour ! Comment s’appelle votre groupe ?

Notre groupe s’appelle Kalsandag. C’est un nom qui reprend les trois quartiers de notre ville : Kalogodin, Sanyïri et Dagnon car chacun parmi nous habite un de ces quartiers. Moi, c’est Eugène, lui c’est Omarik et celui-là c’est Daniel. Nous aimons le rap et nous écrivons nous-mêmes nos propres morceaux.

Nous avons vu aussi que vous faites toute sorte de geste quand vous chantez. Cela fait partie du rap ?

Oui, quand nous chantons, nous faisons du free-style. Nous accompagnons nos paroles par des gestes et des attitudes que nous improvisons en fonction de nos textes.


Qu’est-ce que le rap représente pour vous ?

Et bien, c’est notre manière de nous exprimer sur ce que nous vivons et sur les choses qui nous entourent. Grâce au rap, nous partageons notre vécu et nous le rendons compréhensible aux autres. Nous pensons que nous pouvons exprimer notre ressenti et contribuer à transmettre des idées positives sur la vie des gens. Par exemple, j’ai écrit une chansons qui s’appelle « CDES » comme mon surnom.


Qu’as-tu voulu exprimer dans cette chanson ?

Je parle notamment des guerres qui me révoltent. J’ai écrit : « en voyant tous ses crimes, ces victimes, ces centimes de personne, abattues dans leurs vertus, j’ai la persuasion que tout individu a un ouvrage de longue haleine ». J’ai voulu dire que tout le monde doit faire quelque chose pour changer ce qui ne tourne pas rond dans la vie sociale et dans sa propre vie. Nos paroles sont un peu provocantes quelquefois mais c’est une manière de bousculer les choses raisonnablement.

Je fais cela pour une raison toute simple finalement : je veux exprimer ce que j’ai dans le coeur à travers la musique. La musique permet de toucher les gens dans leur coeur et d’éveiller leur émotion et leur émotion.


Cela t’apporte beaucoup de choses ?

Oui ! En écrivant des chansons, j’ai le sentiment de mieux comprendre la vie, je cultive mon vocabulaire et je peux mieux m’exprimer. Il faut vraiment travailler pour faire du rap. Ecrire, réfléchir à la musique qui accompagne et à notre mise en scène. Tout cela demande du temps. Cela me permet aussi de rencontrer des gens différents. Quand nous faisons des compétitions de rap par exemple, nous faisons connaissance avec d’autres groupes de musique, des journalistes et des artistes.


Vous avez des fans ?

Oui quelques uns ! Nous savons qu’il y a des gens qui apprécient ce que nous faisons. Nous n’avons pas encore fait de disque mais nous faisons quelques concerts dans notre ville.


Que fais-tu dans ta vie sinon ?

Je suis en terminale F2. J’apprends l’électronique. Je voudrais continuer l’année prochaine et aller à l’université. Je vais continuer le rap et je rêve un jour d’aller en Europe pour jouer du rap et produire un disque ou un clip. C’est mon voeu le plus cher !!






Continuez bien votre musique et à bientôt ! On vous verra peut-être bientôt sur les écrans de télévision qui sait ?

Pourquoi pas ! Il faut que l’on y croit et que l’on continue. Bonne traversées à tous les trois !




Ouagadougou, le 20 août 2004






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