Nos routes

Depuis quelques temps mon pélican ne manque vraiment pas d’air
Il s’offre un tout autre vol, un parcours tout autour de la Terre
Il veut récolter des histoires, barrer les étoiles, semer d’autres graines
Que devient son île primitive ? Comment vit-il sa route lointaine ?


Alors qu’il bourlingue en plein vent sur les routes de l’azur
Que sur ses idéaux il dessine une plus grande voilure
Voilà que l’île l’attise, vient dans ses nuits, envoie ses voyelles
Voilà qu’elle se glisse par écrit dans le battement de ses ailes


Avec des mots, des mots-courage, des mots-lointains, des mots-plus-loin
Avec des mots-appuis, des mots d’approche, des mots de soins
Et des lettres de mots, des mandats de paquets de colis d’écriture
Que mon pélican picore, gobe et boit d’une seule lecture


Tous ces colis lui parviennent bornes après bornes, jours après jours
Chaque fois, il y a de l’or, de la mangue, du nacre, du velours
Des accords majeurs ou mineurs... des histoires d’îles face à la mer
Qui étendent leurs rivages ou qui rêvent d’embarcadère


Ces mots-trampoline sont des bonus pour prendre de l’altitude
Avec eux, il va plus haut, il voit plus loin, il gagne en longitude
Il franchit les ponts, il espère, il devance
Il est un rayon lumineux ensoleillé de confiance


Vos mots lui rappellent que son île est aussi sa liberté
Que la distance n’est rien d’autre qu’une présence transformée
Il sent très souvent la portance de son île constitutive
Il l’éprouve en lui-même comme une reconnaissance définitive


L’île voit son pélican à travers les étoiles tout là-haut
Elle lui envoie des mots, des mots d’étoile aussi haut
Il picore les consonnes, incorpore les voyelles, et ce faisant
Il va grâce à eux, grâce à vous, persuader les étoiles infiniment






Bamako - Mali, le 23 juillet 2004