Aouwa, princesse troublante et effrontée du Niger
Elle est venue de très haut, jusque dans mon sommeil
Cette africaine effrontée brûlante comme un soleil
Papillon sombre et limpide au vol surnaturel
Elle dansait et tournait comme un serpent ensorcèle
Dans ce bar du Niger chaud, saignant et touristique
La nuit annonçait ses excès fébrils et alcooliques
On riait, on s’abandonnait sur les tempos
En mettant son corps et ses sens à fleur de peau
Aouwa charmait sa clientèle - façon provocatrice
Elle tirait d’une Gazèle la sève stimulatrice
Avec son sourire de fée, sa danse libre et osée
Elle s’exhibait de désirs à prendre tous en entier
Les cories blanches de ses tresses noires, ses bracelets
Ses poignets tellement fins atteignaient la pureté
Même son sourire, un peu moqueur et arrogant
S’éparpillait et lui donnait un charme insouciant
"Je suis à toi si tu as de l’argent" dit-elle
A ce gars assoiffé conquis par la belle
"Mon corps et mes charmes pour une modeste addition
La vie ne m’a laissée que cette cruelle équation"
Petite princesse, tu t’es jetée cette nuit-là
Pour un sou symbolique dans les bras de ce gars
Saoûlé et apathique, dans cette gangrène qui danse
Si bien avec la pauvreté et la subsistance
Je méprise cette loi truquée et délètère
Née des entrailles sordides de la misère
Qui obligent les donneurs de gaieté et de dignité
A n’être plus que des objets sur le marché
Aouwa princesse troublante et effrontée du Niger
J’ai vécu de te voir si libre et si légère
L’Afrique t’a fait secrètement prisonnière
D’un jeu cruel qui te bouffe comme un cancer
Mots-clés
Aire géo-culturelle: Afrique de l’OuestCatégorie d’acteur: Femme - Jeune
Itinéraire de vie: Réaction face à une injustice