Les rêves d’un bout du monde

Fambine. 400 habitants. Petit village de pêcheurs piroguiers perdu au milieu du delta du Sine-Saloum. L’unique classe accueille entre 60 et 100 élèves. Ici, l’éléctricité est fournie par les groupes éléctrogènes ou les panneaux solaires. L’eau s’extrait du puit à la force des bras plusieurs fois par jour.


La première ville est à deux heures de pirogue. Certains jeunes n’ont jamais quitté l’île. Ici, pas de case de santé mais la télévision. Alors, à votre avis, à quoi peuvent rêver les enfants de Fambine ?




Quand on arrête deux minutes le cours de la classe et du même coup le cours de la vie de ces adolescents agés de 14 à 19 ans, quand on leur donne la possibilité de penser à eux, à la vie dont ils rêvent en « secret », leurs mots sont évidemment révélateurs de ce qu’ils vivent dans ce bout du monde.


La plupart de leurs rêves varient entre footballeur, basketeur ou lutteur professionnel et ministre, homme ou femme d’Etat, bureaucrate ou vedette de cinéma. Un seul critère motive leur choix : gagner beaucoup d’argent.

Quelques uns souhaiteraient devenir médecin, infirmière ou instituteur.

Pouvoir continuer ses études est également un rêve pour beaucoup. Il faudra partir, ça coutera de l’argent, ce sera difficile.

Pour beaucoup d’entre eux, l’Europe représente encore l’eldorado, le symbole d’une vie meilleure.

Peu rêvent de voyager et d’aller rencontrer le reste du monde.




Mais ne nous méprenons pas sur les désirs poursuivis par ces jeunes gens. Tous ne souhaitent partir à l’étranger, devenir star de cinéma ou vedette sportive, s’investir en tant que médecin ou instituteur, que pour une seule et même raison : revenir au village pour investir et en améliorer les conditions de vie, apporter l’eau courante, l’éléctricité, construire d’autres classes, une case de santé, améliorer les conditions sanitaires. Tous sans exception. Aucun n’aurait l’idée de ne penser qu’à lui. Leurs rêves n’ont de sens qu’en les associant à la vie des familles qui vivent à Fambine et qu’ils cotoient depuis leur plus jeune âge.

Ils n’ont pas de rêves pour le monde. Pour la plupart le monde s’arrête aux limites de l’île. Et ce monde-là les occupe suffisamment. Les rêves pour le monde sont soigneusement conservés dans la tête de celui qui détient le savoir : l’instituteur.




« Mon rêve, c’est qu’il n’y ait plus de guerre sur la planète. A travers mon existence ici, je souffre beaucoup de voir que les hommes sont capables de tuer d’autres hommes, de faire des attentats par-ci par-là, en prenant le prétexte de la religion. Aucune religion ne dit ça. Je rêve d’une paix durable pour la planète et les années avenires, que les hommes soient des frères et que l’amitié et la solidarité règnent entre eux. »



Rencontre du 18 mai 2004 - Fambine / Sénégal.

Mots-clés

Aire géo-culturelle: Afrique de l’Ouest
Catégorie d’acteur: Enseignant et universitaire - Jeune
Domaine d’action: Education - formation
Itinéraire de vie: Dépassement de soi - Poursuite des idéaux ou d’une éthique
Traversées - http://www.traversees.org
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