Victor : partageons nos connaissances !

« Mon rêve ??? ... C’est que les professeurs apprennent aux élèves à compter plutôt qu’à se servir d’une calculette. » Victor se marre, il n’en utilise jamais. « Le monde va de plus en plus vite et il ne prend pas le temps de se demander où il va ! On invente sans cesse de nouveaux outils, est - ce que ça a un sens ? Parfois, j’ai l’impression que nos inventions nous dominent. »



Victor aime à dire qu’il n’utilise jamais de calculatrice, qu’il n’en a pas besoin. Il a ses outils de calcul mental à lui et n’hésite pas à les dégainer dès que l’occasion se présente. Une tumeur au cerveau et un début d’hémiplégie en ses jeunes années ont quelque peu ralenti sa diction, mais certainement pas la multiplication incessante de ses idées.



« La plus grande misère de l’homme, c’est l’ignorance. Et pourtant, la connaissance est là, elle est partout, disponible mais malheureusement peu accessible. Je suis tombé sous le charme de la méthode DPH (Dialogues pour le Progrès de l’Humanité). C’est grâce à Gustave, il est venu présenter les travaux qu’il animait dans le cadre du réseau Glegbenu, le Chantier Jeunes béninois, lors d’une conférence à l’université. J’ai trouvé ça extraordinaire de pouvoir prendre connaissance, de pouvoir rencontrer des expériences de développement, de changement social, venant de tous les coins de la planète. Et à travers les expériences, comprendre les gens qui les mènent, mieux appréhender leurs réalités quotidiennes, les défis auxquels ils sont confrontés. Ca m’a fait comprendre que d’autres gens avaient des idéaux proches des miens. Cela m’a donné envie de les partager. C’est fondamental, ça galvanise l’espoir que les efforts de chacun ne sont pas vains parce qu’il ne sont pas uniques. »


« Ca m’a donné un espoir redoutable pour changer les choses et l’envie de m’impliquer beaucoup plus au front pour faire face aux grands défis qui s’ouvrent avec le nouveau siècle. Ca m’a donné l’idée de faire la même chose, ici, dans mon pays. »


« Au Bénin, en tout cas à l’université, rien n’est fait pour conserver la mémoire collective et capitaliser les connaissances qui sont produites. C’est grave ! Ca veut dire que toutes les réflexions, toutes les notes de recherche sur le terrain, les rapports, les mémoires, les thèses, tout cela disparaît avec les étudiants qui les produisent et avec les professeurs qui les encadrent, dans leurs bureaux, dans leurs armoires, dans leurs cartables. Ca s’envole, notre patrimoine intellectuel collectif s’envole. »


« Notre idée, avec Glegbenu, c’est d’organiser une grande foire de la connaissance, une grande foire d’échanges de savoirs, directement sur le campus et pendant plusieurs jours. On invitera l’ensemble des étudiants, des chercheurs, des professeurs, des secrétaires et des chefs des différents départements à venir participer à la capitalisation des documents qu’ils ont à leur disposition et qu’ils jugent utiles de mettre à la disposition de tous. »


« Pour ça, nous avons pensé reprendre la méthodologie des fiches d’expériences proposée par la méthode DPH. Au préalable, on va former une équipe de jeunes qui seront capables sur le campus d’accueillir les personnes ressources et leurs ouvrages pour en extraire une synthèse rapide qu’il faudra saisir dans un cadre de saisie type. Tout devra être répertorié et archivé dans une base de « fiches descriptives de savoirs ».


« Ensuite, il faut que chacun puisse avoir accès aux connaissances de tous de façon simple et rapide. Encore une fois, nous envisageons de prendre appui sur la méthode DPH et nous pensons ouvrir un site web. C’est le support qui nous paraît le plus pratique et le plus démocratique. Chacun peut avoir accès aux fiches simplement en se rendant dans le cyber le plus proche de chez lui. Et puis la mise en ligne de cette base de « fiches descriptives de savoirs », c’est aussi l’opportunité de pouvoir la mettre à jour à distance par tous ceux qui veulent contribuer à son développement et qui souhaitent la faire vivre régulièrement. C’est un véritable interface de dialogue pour ceux qui souhaitent partager leurs connaissances et les mettre à contribution du patrimoine des connaissances de l’humanité. »




Victor Gele Ahanhanzo a 25 ans et travaille au Ministère des Affaires étrangères du Bénin. Il est titulaire d’une Maîtrise en Sciences Politiques et est diplômé de l’Ecole Nationale d’Administration du Bénin. Sa devise en dit long sur sa volonté d’agir de façon précise et de s’impliquer dans des projets : « Fais ce que je fais parce que moi-même, je fais ce que je dis. »


Quelques compléments :

- le site web de Dialogues pour le Progrès de l’Humanité





Cotonou - Bénin, le 7 octobre 2004.





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